Bibi n'alla jamais voir Bobo après le cours.
Il y a des rendez vous ratés et des rendez vous prorogés de 10 ans; mais ça Bibi ne le sait pas encore.

Elle donna juste son carnet de liaison déjà remplit pour des heures dite "de colle". Non pas que vous restiez le cul sur une chaise à recopier l'annuaire, mais parce que vous passiez votre après-midi à décoller le chewing gum des tables et des chaises.
L'automne, puis l'hiver se succèdent au rythme des dessins de Quino pour Bibi, tandis qu'autour d'elle, le Bigdil est consacré meilleure émission de jeu et que le 10 mars 2000 TF1 diffuse l'ultime épisode de la série de toute une génération, le 11 mars à 18H, Amanda n'est plus, peut être a-t-elle sombré dans les limbes de la piscine de sa résidence.
Bibi découvre les plaisirs de la conduite nocturne d'un scooter, sous un crachin hivernal, avec deux bières dans le gosier... au fond d'un ravin. Marquée à vie par ses béquilles qu'elle garda au bas mot 15 jours, elle décide de prendre sa vie en main. Après un test d'orientation sponsorisé par l'Education Nationale, elle découvre que son futur réside dans le shaker, oui barmaid serait le métier parfait pour elle lui déclare en toute franchise le conseiller d'orientation. Ravie de cette découverte et revenant alcoolisée du collège le soir même, son père lui-même brillant membre de l'Education Nationale décide de prendre la relève de sa fille et de se rebeller. Prenant un RDV avec la toujours psychotique prof de maths, celle ci lui déclare qu'il n'a qu'à laisser sa fille faire ses devoirs maison seule plutôt que de les faire à sa place. Abasourdi par tant de connerie humaine, père et fille finissent la soirée ensemble devant un panaché préparé avec amour par cette dernière.

Sa famille ayant abandonné tout espoir de voir leur fille suivre le brillant chemin de son frère aîné d'ingénieur, Bibi devient libre de ses horaires et de ses activités lors de son passage au lycée. Elle découvre enfin qu'elle a un corps qui ne lui sert pas qu'à dormir, manger, râler contre l'autorité parentale et s'affaler devant la télé. Troquant ses Adidas pour des Reeboks, oubliant les lunettes triple foyer pour des lentilles, et redécouvrant le goût de la nourriture après 36 mois de féraille dans la bouche, Bibi fait sienne la phrase de Francis Bacon: "La prospérité a un cortège de craintes et de déplaisirs; l'adversité de réconforts et d'espoirs". Elle se lance dans des histoires amoureuses plus compliquées que la résolution de la quadrature du cercle jusqu'à sa rencontre avec la gothique de service tout droit sortie de sa Méditerranée natale: Baba.

Une ado sous évaluée

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