Suite 3
Pour quelle raison sordide ai-je cru tout ce que tu me
racontais? D’où me venait cette confiance aveugle en toi alors que tout autour
de moi j’étais prévenue? Parce que c’était la première fois? Me suis-je mise en
danger intentionnellement? Pourquoi n’ai je pas écouté cette petite voix qui
s’insinuait en moi pour mettre en doute tes paroles? Pourquoi je posais les
questions et refusais de lire entre les lignes? Pourquoi m’as-tu menti?
Ton retour dans cet autre pays fût difficile, à ton retour des photos de week
end comme des photos de vacances, comme si tu voyais ces 3 jours comme ta
parenthèse française. Le début de la fin… J’ai l’indicible sensation que tu
continues à vivre comme un couple avec lui, tu vis chez lui, tu dors sur le
canapé, tu es incapable d’imaginer ne serait-ce qu’un instant être proche de
lui. Il te mène une vie d’enfer, toujours sous pression, « toujours des
reproches » me martèles-tu.
Je fatigue, je ne dors plus que 4h au mieux dans une nuit, mais encore faut il
se coucher… Mes amis s’inquiètent, me préviennent du danger à se perdre pour
autrui, par amour, par « don de soi ». Je souris, que faire d’autre?
J’ai peur pour toi constamment, pas pour nous, parce que je sais que tu es la seule qu’il n’y aura jamais pour
me mettre dans des états de folies passagères que je ne peux maîtriser.
Masochiste? Oui je le suis.
Tu finis par partir de chez lui, à droite et à gauche, tu ères de maison en
maison, tu souffres de ne pas maîtriser ta vie et celle du nain, de faire du
mal à tous tes proches. Il faut que je vienne, contre tous les conseils que je
reçois, je décide de venir te voir… chez lui… Je risque beaucoup mais je n’en
est pas conscience, abrutie par la volonté de te sauver, j’ai mis un voile sur
la fonction réflexion et analyse des risques depuis que je te connais. La
semaine précédant ma venue est digne d’une tragédie de série B hollywoodienne.
Violence psychique et de nouveau physique, tu es harcelée par ta belle famille
qui a peur pour LUI, chantage affectif d’ampleur que tu occultes
temporairement. Tu te réfugies à quelques kilomètres, tu continues à le croire
à chaque fois qu’il s’excuse et dit regretter, tu as pitié de lui mais je ne
sais pas encore à quel point.
Le matin de mon départ, tu refuses que je vienne, ultime rebondissement? Non,
je LE contacte et à bout de souffle, je le convaincs de me laisser venir, c’est
lui qui viendra me chercher à l’aéroport tandis que je ne te préviens pas de
l’évolution de la situation. J’occulte pendant le trajet les conséquences de
mes choix, j’ai envie de te voir, je dois te voir. Le raisonnement est
basique mais efficace à mes yeux. 19H20: je suis la première à sortir de
l’avion, il est là, comme tu m’attendais sur le quai, il m’attend, on ne peut
bien sûr pas se parler, il n’y aurait de toute manière rien à dire. Il te donne
rendez-vous, tu acceptes sans savoir que je suis là alors que tu venais de me
dire que tu ne le reverrais plus pendant un certain temps. Un signe que je
relève et que tu rejetteras d’un revers de main. Sous la pluie de ce pays que
j’ai finit par détester, tu nous retrouves, je te vois m’apercevoir, magie d’un
croisement de regard, dans ce froid, entre deux voitures, mouillées par ces
larmes d’un ciel inquiet, je retrouve tes lèvres. Je lutte pour ne pas évacuer
toute la tension dans tes bras.
On se retrouve enfin seules pour affronter les critiques et les menaces dès le
lendemain, tu ne trouves pas d’autres solutions que de m’amener chez LUI pour 4
jours, dormir dans votre ancien lit, manger à sa table, s’embrasser dans le
canapé ou tu dors… ou pas….
Je ne me sens même pas coupable, il accepte, ne dis mot, je fais des erreurs
pendant ce séjour, je le laisse pénétrer dans notre histoire par des menus
détails en apparence mais qui prendront des ampleurs phénoménales par la suite.
Je vois le nain et ton quotidien et mon attachement grandit, je prends la
décision de t’attendre, de ne rien te demander, de valider par mon silence ton
retour chez lui. Erreur monumentale que je regretterai pour des mois. Le retour
en France est difficile, je ne veux pas rallonger les au revoir indéfiniment,
dans tes yeux il me semble entre apercevoir un soulagement à l’aéroport que je
n’interprète pas encore une fois…
Le retour est sombre…