Une ado sous coca
Bibi, le coeur en berne mais la tête haute, sort. Toute fière d'avoir conquit son nouveau public: les boutonneux; l'estomac au milieu de la gorge d'avoir été scotché à la chaise.
Dans sa cervelle d'hypocondriaque, elle s'imagine avoir développé une maladie hautement contagieuse, sans comprendre que la pandémie qui vient de la frapper n'est rien d'autre que la plus courante en ce bas monde (non pas celle là de "courante", mauvais esprit que vous êtes). Elle se voit déjà à l'hôpital dans le service des soins palliatifs sans penser que seule une cure de désintoxication pourra la soigner.
Bibi dessine déjà un nouveau plan, inventer une histoire de racket pour exiger de changer de collège, ou à moindre coût ordonner son transfert de classe à cause de la prof de maths hystérique qui la suit depuis la 6ème avec son parallélogramme.
Le lendemain, après une nuit de totale rebellion à manger des "skittles " rouge dans son lit, elle brave fièrement la froideur matinale pour affronter la jungle des "Vans" avec ses "Adidas". Pas facile d'avoir une allure élancée avec un cartable de 15 kg sur le dos, mais elle compense par l'éclat de son tout nouvel appareil dentaire. Sacrée idée de son chirurgien dentaire que d'attendre ses 14 ans pour commencer sa "rééducation" dentaire. Etrangement tous les boutonneux lui sourient dès qu'elle passe le portail de la prison scolaire. C'est sa meilleure amie (endin la fille qui lui a fait le cadeau le plus cher à son dernier anniversaire) qui lui révèle que tout le collège raconte le traumatisme qu'a subit la nouvelle prof. Oubliant la discrétion, Bibi décide d'assumer, débile pour débile, autant en être fière. Et ce n'est pas la batailleentre les épinards de la cantine et sa nouvelle dentition tunnée qui vont l'empêcher d'aller au 2ème cours d'espagnol de l'année de Bobo.
Se cachant au milieu de tous les sacs "Eastpack", Bibi monte les marches au son de "l'oeil du tigre" et se faufile au fond de la classe tout en se demandant pourquoi sa tête est devenue depuis la veille un jukebox ambulant. Bibi penserai-t-elle que la honte est soluble dans le coca? On le croirait à la voir s'assoir bravement, sa canette à la main, pendant que Bobo s'avance d'un pas décidé dans sa direction.
"Mademoiselle Bibi, vous viendrez me voir à la fin du cours et sans vos bulles s'il vous plaît".
Bibi ou l'art d'avoir un rencart au bout d'une journée!
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